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Critique

Genres. Sexes, la guerre interrompue

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 5 décembre 2009 à 0h00

La guerre des sexes est derrière nous. Enfin bientôt, promet la politologue Janine Mossuz-Lavau. Après des années d'enquête, la chercheuse du Cevipof dit que sa «religion est faite» : «Nous allons vers l'indifférenciation.» Pour elle, «les signes ne trompent pas. Les hommes et les femmes ont entamé une marche vers la ressemblance.»

Soulignant avec finesse les redéfinitions incessantes du genre (rôle des pères, travail des femmes…), elle décrit un mouvement enclenché il y a plus d'un siècle. Selon elle, ce rapprochement est cependant contrecarré par «trois idées reçues» qu'elle prend plaisir à déconstruire une à une. La première est que la ressemblance tue le désir. Deuxième point : les femmes ont désormais tout le pouvoir.Enfin, hommes et femmes sont radicalement différents.

Evidemment, les différencialistes (Antoinette Fouque ou Sylviane Agacinski, pour qui la possibilité d'enfanter marque une différence indépassable entre les sexes) en prennent pour leur grade. Pour Janine Mossuz-Lavau, «le différencialisme entretient la guerre des sexes […] maintient une ségrégation». Elle ose : «Encourager le différentialisme revient à commettre un acte nuisible.»

Ceux qui voudront caricaturer ses propos rappelleront que les deux sexes ne se ressemblent pas et ne se ressembleront jamais. Janine Mossuz-Lavau le sait bien : le sexe biologique ne changera pas (nécessaire érection d'un côté, procréation et son cortège de règles, grossesse, a