Les lecteurs bardés de certitudes n’aimeront pas ce livre, surtout s’ils sont de gauche. Le monde serait si simple si, d’un côté, il y avait les antisémites, forcément à droite, et de l’autre, les antiracistes, forcément à gauche. Mais voilà, la vie est bien plus compliquée, comme le montre l’historien Michel Dreyfus, spécialiste du mouvement ouvrier.
Depuis 1830, il existe des courants hostiles aux Juifs au sein de la gauche française. Cet antisémitisme, plus ou moins aigu selon les époques, a pris des formes diverses. Michel Dreyfus en retrace les épisodes et les courants, citations à l'appui et en restituant le contexte de manière pédagogique. Au XIXe siècle, les Juifs sont d'abord dénoncés comme des capitalistes et des exploiteurs. L'affaire Dreyfus marque un tournant important, quand, sous l'influence de Jaurès, les socialistes renoncent aux diatribes antijuives. Enfin, pas tous…
Dans les années 30, une partie de la gauche redevient antisémite par pacifisme. Parce qu’ils sont antinazis, les Juifs sont vus comme des fauteurs de guerre avec l’Allemagne.
Dès 1940, nombreux seront ceux à basculer dans la collaboration. D’autres seront résistants et déportés, comme Paul Rassinier, le père du négationnisme, lui aussi un homme de gauche. Puis, c’est au nom de l’antisionisme, de l’hostilité à l’Etat d’Israël que l’antisémitisme va poursuivre sa trajectoire, en particulier dans les milieux de la gauche radicale.
Michel Dreyfus s'efforce de convaincre que s'il y a un antis