L’origine du monde, Courbet l’a très justement placée où l’on sait. Mais à quoi diable peut ressembler l’origine du sexe et, partant, de la sexualité ? Où, quand, pourquoi et avec quels effets s’est opérée cette division primordiale qu’indique bien le mot sexe qui vient de secare, comme secte, secteur et sécateur ? Voilà une question que le tableau de Courbet, longuement possédé par Lacan, peut inciter à se poser. Mais attention, la réponse n’est pas simple. On fraye là avec les origines de la vie et les stratégies, complexes, développées par les microbes, les végétaux, les animaux pour perpétuer leurs gènes.
Les choses se corsent encore quand on en arrive à la sexualité humaine, travaillée par les contraintes propres à l'espèce (la longue dépendance dans laquelle grandit le petit d'homme), le désir, les tabous, les lois, la capacité à délier sexe, genre, et reproduction. D'où l'importance de l'ouvrage collectif Aux origines de la sexualité, qui donne une formidable profondeur de champ à ce thème dont on débat tant.
Rassemblés autour de Pierre-Henri Gouyon, généticien spécialiste de l’évolution au Muséum national d’Histoire naturelle, vingt-neuf chercheurs - biologistes surtout, mais aussi sociologues, éthologues, historiens, anthropologues, psychologues, philosophes - ont accouché d’une somme distribuée en 27 chapitres autonomes que l’on grappille selon sa curiosité pour la sexualité des poissons, des enfants, des singes, ou pour les questions éthiques, médicales ou