Menu
Libération
Critique

L’entrain fantômes

Article réservé aux abonnés
Le retour de Jean-Jacques Schuhl en figurant clandestin
publié le 7 janvier 2010 à 0h00

Jean-Jacques Schuhl écrit de la poudre. A la fois powder qui brûle la cervelle et aussi pulver, poussière, titre de son premier roman culte, en 1972 : Rose poussière. Un nom de rouge à lippe invisible, pétale envolé, brume, buée : rien qui pèse ou qui pose. Des romans blêmes au petit matin, exhumés de chez Castel puis du Man Ray - seules les années changent. On se tient droit malgré les substances, léger déhanché qui marque le transitoire et le fugitif. «Somptueux et fragile», est-il prescrit dans Rose poussière, ou : «démarche fêlée».

Sarcasme. Le Schuhl vieillissant de ce troisième roman (après Ingrid Caven, Goncourt 2000) applique si bien le conseil qu'il est victime d'une double arthrose des hanches : «Le cartilage s'était nécrosé, et adieu cet aspect de dandysme supérieur dégénéré.» C'est donc sous le signe du sarcasme et du renversement (y compris du titre de Philip RothExit le fantôme) que le spectre fait son entrée. Le roman comprend d'abord une brève première partie («le Mannequin»), récit d'espionnage dont l'héroïne est comme «la plaque hypersensible d'une pellicule TRI.X ultrarapide : tout l'impressionnait, elle reflétait le temps tout le temps». Il y est question de textos qui s'écrivent «automatiquement sans personne», de lettres «exsangues» qui «demandaient à être incarnées sous peine de disparaître à jamais». Méthode lit