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Libération
portrait

Le repos du guerrier

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André Brink. A 74 ans, l’auteur antiapartheid qui refuse de quitter l’Afrique du Sud est un homme heureux, amoureux.
publié le 12 janvier 2010 à 0h00

Dans l'escalier d'un hôtel parisien de Saint-Sulpice, à deux pas du jardin du Luxembourg, un septuagénaire à belle allure embrasse une jolie brune, qui pourrait passer pour sa fille. Dinosaure des lettres sud-africaines, André Brink appartient à la génération de Nadine Gordimer et de John Maxwell Coetzee. Contrairement à ces deux prix Nobel, il n'a jamais reçu la très haute distinction, mais n'en a pas moins connu son heure de gloire. Son best-seller, Une saison blanche et sèche, est devenu un film à succès, porté à l'écran par Euzhan Palcy en 1987, trois ans avant la libération de Nelson Mandela. Avec Mes bifurcations, ses mémoires publiés ces jours-ci, il livre un texte qui relève à la fois du journal intime et de la lettre d'amour. Un pavé de 500 pages porté par l'envie de raconter sa vie et son pays à sa nouvelle femme, Karina, Polonaise de 33 ans.

Le titre du premier chapitre - «Violente cambrousse » - résume, à lui seul, le chemin parcouru par l'auteur. Quand ce fils de magistrat revient sur la brutalité des bourgs de son enfance, c'est avec la distance acquise au fil des ans et des séjours à l'étranger. Il décrit les Afrikaners, ces descendants de colons néerlandais pétris de protestantisme, comme «une petite bande d'Israélites entourés par un noir océan de païens». Le jeune Frederik de Klerk, futur président croisé à l'université, est expédié en des termes aussi peu complaisants. «Son trait le plus frappant semblait être un grand désir