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Libération
Critique

James Ellroy met l’Amérique chaos

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Ultime volet d’une trilogie noire
publié le 14 janvier 2010 à 0h00

La question est: plus de vingt ans après l'originel Lune sanglante, James Ellroy, autoproclamé maître ès fiction et génie du roman noir, est-il encore à la hauteur de sa réputation et de son ostensible prétention ? Ellroy livre-t-il vraiment une relecture de «L'AMERIQUE», sujet capital, colossal, démesuré, comme la typo l'indique ? Ellroy, 61 ans, tient-il toujours la route, en somme ?

La réponse est trois fois oui. Depuis quelque temps, on se disait qu'en matière de noirceur et de staccato, les quadras américains Chuck Palahniuk et anglais David Peace avaient fini par rattraper le maître. Avec Underworld USA, on s'aperçoit qu'Ellroy a encore un paquet de cartouches en réserve.

Underworld USA est l'ultime volet d'une trilogie hystérique (quelque 2 000 pages au total) sur l'Amérique de 1958 à 1972, de Kennedy à Nixon. Underworld USA se concentre sur quatre années, du 24 juin 1968 au 26 mars 1972. Soit du lendemain des assassinats de Martin Luther King (4 avril 1968) et Robert Kennedy (6 juin) à la veille du scandale du Watergate - c'est le 17 juin 1972 que seront arrêtés les pieds nickelés poseurs de micros au siège du Parti démocrate.

«Martin Lucifer King». Comme dans American Tabloïd et American Death Trip, les épisodes 1 et 2, le récit est choral, articulé entre trois personnages principaux auxquels il emboîte alternativement le pas, à la troisième personne du singulier. Deux se connaissent et éta