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Libération
Critique

La pizza du paparazzi

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Camille Laurens oublie ses déboires avec P.O.L dans les bras d’un garçon peu fréquentable
publié le 14 janvier 2010 à 0h00

Ayant porté sur la place publique (dans la Revue littéraire de Léo Scheer) ses accusations de plagiat à l'encontre de Marie Darrieussecq (lire page VIII), Camille Laurens se vit vertement rendre sa liberté par leur éditeur commun, Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L). Sur la douleur entraînée par la rupture, sur le sentiment d'abandon, l'affliction de ne plus avoir de «maison», la romancière revient aujourd'hui dans Romance nerveuse. Ce n'est cependant pas le sujet principal du livre, qui est : «Je n'avais plus d'éditeur, mais j'avais un amoureux.»

La différence entre l'amoureux, un photographe de presse people prénommé Luc, et l'éditeur, rebaptisé Georges L., c'est par exemple que l'amoureux, en toute innocence, déterritorialise le conflit. A propos de Philippe, l'enfant mort devenu livre (Philippe, 1995), Luc peut dire : «-Philippe ? C'est qui, encore, celui-là ? - C'est le bébé que j'ai perdu. Il aurait quinz… - Ah ! oui, excuse, j'avais oublié. Et à moi, quand est-ce que tu me donnes un fils avec tes vieux ovaires fatigués ?» Tandis que l'éditeur, certes plus policé, est évidemment blessant lorsqu'il fait remarquer que «ça commence à faire longtemps, Philippe».

Lapin. Le paparazzi est un curieux garçon, à peine fréquentable, tellement en retard aux rendez-vous qu'il met du lapin à tous les menus. «J'aimais l'enfance attardée en lui», écrit la femme amoureuse, qui reproduit sans faiblir les