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Libération
Critique

Dans le vif de Tel-Aviv

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Deux auteurs ressuscitent Jaffa, ville qui devait devenir une partie de la capitale culturelle d’Israël
publié le 21 janvier 2010 à 0h00

Dans ce livre, on trouve des témoignages sur l’assassinat d’un certain Hinawi en 1939 à Tel-Aviv, une liste des locataires du quartier Nordia et leurs professions (plâtrier, cocher, fabricant de nouilles, couturière…), des citations de Baudelaire et de Walter Benjamin, une digression sur les prostituées de luxe de la tour Dizengoff, des rencontres avec les descendants de la famille Hanawi-Dajani et avec ceux d’Arieh Pilz, l’homme qui a construit le Dizengoff Center. Ces textes sont comme les pièces d’un dossier, présentées au lecteur pour qu’il les examine, et le livre est un essai passionnant et perturbant écrit par Tamar Berger, professeur d’histoire culturelle et de théorie de l’espace à l’université Bar Ilan de Tel-Aviv.

Palimpseste. Tout visiteur de Tel-Aviv passe forcément devant le Dizengoff Center. Des boutiques, des cinémas, des restaurants, c'est un centre commercial qui ressemble aux centres commerciaux du monde entier : anonyme, pratique, celui-là est un peu plus moche que la moyenne. En nous racontant l'histoire de ce quartier de la capitale culturelle et économique du pays, Tamar Berger déchiffre avec nous le palimpseste qu'est au fond toute ville. Sauf que raconter l'histoire du cœur de Tel-Aviv revient à raconter la construction de l'Etat d'Israël. Ou plutôt à s'interroger sur les conditions dans lesquelles il s'est construit. Recouvrant quoi et remplaçant quoi ? Tamar Berger décrit la vie des Arabes de la région de Tel-Aviv et comment, depuis