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Libération

Renards et scanners

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publié le 21 janvier 2010 à 0h00

C'est une salle de cours à l'Ecole normale supérieure, rue d'Ulm : quatre rangées de tables, trente chaises, des murs bleu layette et un plafond blanc. Marie Darrieussecq, ancienne élève, souhaite la bienvenue à ses 25 auditeurs, inscrit à la craie quelques noms sur un tableau vert, pose une fesse puis deux sur le bureau professoral. Et ouvre enfin la deuxième session de son séminaire intitulé «De la plagiomnie : accusation de plagiat et autres modes de surveillance de la fiction». Il est 21 heures ce jeudi 15 janvier, et on est rudement contents d'être là : n'y aura-t-il pas bientôt du sang sur ces murs aux couleurs tendres ?

Pourquoi le cacher ? Nous sommes venus comme au spectacle. La querelle plagio-analytique opposant Marie Darrieussecq et Camille Laurens est de retour avec la parution de deux nouveaux ouvrages des sus-nommées, détaillés ici la semaine dernière. De quoi réanimer un petit débat, et pourquoi pas : la vie parisiano-littéraire de ce début de siècle est morne comme un champ de patates, on serait preneur même d'un cactus nain. Donc il y a eu les livres, et maintenant il y a le cours. Et après le cours, quoi ? L'interro écrite ? Veuillez en tout cas noter le programme du séminaire : «Corbeaux et renards se battant autour de livres considérés à peu près comme des fromages, assassinats symboliques et assassinats réels : nous étudierons toutes les méthodes pour empêcher un écrivain d'imagination d'exercer son art.»

Ce soir, il n’y aura pas de sang