Cela faisait plus de quarante-cinq ans que Jerome David Salinger était peu ou prou disparu, vivant plus ou moins en reclus et ne publiant rien, mais, mercredi, il l’est devenu au sens euphémistique, et l’euphémisme est brutal. L’auteur de l’Attrape-Cœurs (The Catcher in the Rye) est mort à 91 ans (il était né le 1er janvier 1919) à son domicile de Cornish, village du New Hampshire. Le roman, son premier, était paru en 1951, connaissant un succès immédiat et universel qui ne se démentira pas (ses ventes mondiales dépassent largement 60 millions d’exemplaires). Il publiera ensuite ses Nouvelles avec le fameux «Un jour rêvé pour le poisson-banane», que des générations de collégiens ont lus en cours d’anglais, Franny et Zooey en 1961, Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers suivi de Seymour, une introduction en 1963 (son éditeur français est Laffont). Puis le texte «Hapworth 16, 1924» dans le New Yorker en 1965, et puis c’est tout.

S'il intervenait dans l'actualité ces derniers temps, c'était pour tâcher d'interdire une suite de l'Attrape-Cœurs, comme si ça ne suffisait pas qu'il n'écrive plus, il fallait que les autres non plus.

verre. La vocation de Salinger survient dès l'adolescence, mais sa famille bourgeoise n'est pas trop chaude et c'est en fait après Pearl Harbor, quand il s'engage dans l'armée, qu'il commence ce qui deviendra son œuvre mythique. Il est là pour le Débarquement, à