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Libération

Lanzmann-Haenel, aller-retour

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Polémique . Le réalisateur de «Shoah» accuse l’auteur du roman consacré au résistant polonais Jan Karski de déformer la réalité. Récit d’une querelle.
publié le 1er février 2010 à 0h00

Il y a un peu plus d'une semaine, Claude Lanzmann, réalisateur du célébrissime documentaire Shoahet écrivain du Lièvre de Patagonie,mémoires parues chez Gallimard, livrait dans l'hebdomadaire Marianne un long réquisitoire contre le roman de Yannick Haenel, Jan Karski (Libération du 22 octobre), prix Interallié 2009. Le roman de Haenel prend son nom de Jan Karski (1914-2000), personnage réel, soldat catholique polonais qui visita clandestinement le ghetto de Varsovie. Deux leaders juifs de la Résistance l'y avaient introduit afin qu'il puisse témoigner au monde de ce qu'il avait vu et porter leur message : qu'on arrête l'extermination de leur peuple. Ainsi Karski réussit-il en 1942-1943, selon ses propres mots, «à rendre compte à quatre membres du cabinet britannique, dont Anthony Eden, au président Roosevelt et à trois membres importants de son gouvernement, au délégué apostolique à Washington, aux dirigeants juifs américains, à d'éminents écrivains et à des commentateurs politiques, de la détresse des Juifs et de leurs demandes pressantes de secours.»

Si Lanzmann s'en prend à Haenel, c'est que Karski est un des témoins de Shoah et que c'est à partir de son documentaire que Haenel a écrit la première partie du roman. Il y décrit l'intervention de Karski telle que Lanzmann l'a montée et reprend le texte dit par Karski.

La seconde partie se présente comme un résumé - mais presque dans le style du roman d'aventures - du livre