Un poème en prose, dans le recueil Avant les monstres (1), commence par cette phrase : «Depuis petit ma mère m'a toujours découpé les nécros.» Une manière comme une autre, plutôt fiable, d'avoir des nouvelles de ses amis. Toute la mélancolie propre à Dominique Fabre est là, la mère, la mort, le souvenir et la syntaxe près du murmure. Aucun hiatus entre la poésie et le roman qui sort en même temps, J'aimerais revoir Callaghan. Les Prochaines Vacances, paru il y a un peu plus d'un an, c'était pareil (aux éditions le Chemin de fer), il y avait une enfance en nourrice à la campagne, le bar de la famille Di Maglio et ce qu'on connaît d'eux, pas grand-chose, leur fils mort. Et lui.
Dans J'aimerais revoir Callaghan, le bar s'appelle le Chiquito, les internes ne sont pas censés y aller. C'est leur quartier général. De l'autre côté du grillage, on peut rejoindre le «bahut» des filles en traversant le bois de Saint-Cucufa. Lui, il est boursier. Plus tard, il sera professeur d'anglais, sa femme le mettra dehors, il habitera Asnières. Les autres s'appellent Didier Bizerte, Mathieu Ménager, Greg Langinieux. Il reverra certains. Il veut surtout revoir Callaghan. Ils l'appelaient Calla, plus rarement, Jimmy. Il passait son temps à disparaître et à revenir, «il avait son sourire habituel».
Un jour, Callaghan a disparu pour de bon, recherché par sa mère, qui n'avait pas voulu de lui mais prétendait reconstruire une famille. Il n'était pas l