Comme bien des conseillers du Prince, Georges Boris n'a retenu l'attention des historiens qu'au hasard d'une phrase ou d'une note infrapaginale alors qu'il a exercé son magistère auprès de Blum, de Gaulle puis Mendès. L'homme sortait de l'ordinaire. Après avoir un temps travaillé dans le négoce familial, il décide, choqué par la vénalité de la presse de l'entre-deux-guerres, de lancer un hebdomadaire, la Lumière, qui campe sur une ligne socialisante, antimunichoise et anticléricale, tout en s'intéressant au New Deal et aux thèses, à l'époque méconnues dans l'Hexagone, de Keynes. Directeur de cabinet de Léon Blum lors de son bref passage aux affaires en 1938, Boris s'engage à 51 ans dans l'armée et se retrouve, après avoir connu l'enfer de Dunkerque, en Angleterre, où il rejoint les rangs clairsemés de la France libre.
L’homme se fit discret. Son pedigree, il est vrai, constituait plutôt un handicap aux yeux des premiers compagnons gaullistes qui, jugeant sévèrement le Front populaire, étaient loin d’être totalement immunisés contre le virus de l’antisémitisme. Il se borna donc à confectionner une revue de presse et à assurer la liaison avec la BBC avant que l’arrivée du socialiste André Philip, en juillet 1942, ne lui ouvre de plus vastes horizons. Auprès du commissaire à l’Intérieur, Philip d’abord, d’Astier ensuite, il put en effet orienter la propagande destinée à la résistance intérieure et devint progressivement un conseiller politique écouté du général de Gaull