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publié le 4 février 2010 à 0h00

Depuis Romain Rolland au moins, il n'y a guère eu de rentrée littéraire sans premier roman de normalien. On dispense probablement des cours de creative writing à Normale sup. Regardez la seule production de ces derniers mois : Camille de Villeneuve (les Insomniaques, Philippe Rey), Bruno-Nassim Aboudrar (Ici-bas, Gallimard), Vincent Message (les Veilleurs, Seuil), Cloé Korman (les Hommes-Couleurs, Seuil). Tous normaliens, tous primo-romanciers. Et que les dix «archicubes» que nous avons oubliés en dressant cette liste daignent accepter nos excuses.

Vous imaginiez que rue d'Ulm, à Cachan et à Lyon, ils formaient des profs de compétition. Vous vous trompiez : Normale est la grande école du roman, le haut laboratoire de la fiction. Un bon labo ? On sait qu'au moment de recruter un «nègre» (ce sera Pompidou), le général de Gaulle avait dressé ce profil : «un normalien sachant écrire». C'est bien la preuve qu'il n'y a pas toujours coïncidence entre ces deux qualités. Pompom a finalement versé dans la poésie, mais quelques-uns de ses condisciples ont embrassé une vraie carrière dans les lettres : Romain Rolland (déjà cité), Charles Péguy, André Suarès, Jules Romains, Robert Brasillach, Julien Gracq, Jean-Paul Sartre, Paul Nizan, Aimé Césaire, Dominique Fernandez ou encore Danièle Sallenave. Le seul point commun de ces gens-là, hormis leur statut d'ancien élève, est qu'aucun n'écrit comme un cochon, bien qu'on puisse distinguer d