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Libération
Interview

«Après la première phrase, c’est trop tard»

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Entretien avec Philippe Djian sur «Incidences»
Philippe Djian. (AFP/Damien Meyer)
publié le 11 février 2010 à 0h00

Le nouveau roman de Philippe Djian ne sera pas remboursé par la Sécurité sociale. Incidences est un hymne à la cigarette, ah «le mélange d'air pur à la nicotine». Le personnage principal, qui vit avec sa sœur depuis qu'une enfance horrible les a soudés, est un universitaire à la tête d'un atelier d'écriture. L'établissement est français, doté de moyens réduits. Le professeur couche avec ses étudiantes, mais découvre l'amour avec la belle-mère de l'une d'entre elles, dont il a jeté le cadavre. C'est un homme sympathique, migraineux, qui aime Zuckerman, le héros de Philip Roth, et s'écrie «Qu'on nous rende Marguerite Duras, par pitié», quand la production contemporaine est trop médiocre.

Incidences est plus léger qu’Impardonnables.

Il y a moins de pathos. Cela vient du fait aussi que ce n’est pas écrit à la première personne, on s’identifie moins. Le personnage est un type un peu particulier, quand même. La manière dont j’utilise le «il» en fait un «je» camouflé.

A quel moment décidez-vous que cela va être «il» ou «je» ?

Je ne décide pas. C'est la première phrase, il y a un type dans une voiture, ce n'est pas moi, ce n'est pas «je», c'est quelqu'un. Ça part comme ça. Je ne peux que répéter ce que disait Salinger, «j'écris des livres que j'ai envie de lire». Je trouvais drôle - je ne l'ai pas pensé tout de suite, je ne savais pas que le type allait trouver cette fille morte dans son lit, je suis aussi étonné que lui quand il se réveille - je trouvais drôle l'idée que même chez quelqu'un de très dérangé, ce qu'il est, il y a une espèce de normalit