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Libération
Critique

Walser «au galop dans les pays radieux»

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publié le 11 février 2010 à 0h00

«Je suis élu pour parcourir/ de vastes lointains oubliés.» Tel fut effectivement, à ce qu'il semble au lecteur, Robert Walser, Suisse-Allemand né en 1878 et mort à 78 ans après avoir passé les vingt-sept dernières années de sa vie à l'asile et s'être gardé du succès avec le plus grand succès. On a toujours peur quand paraissent de nouveaux recueils de lui que ce soit des fonds de tiroir et, au contraire, l'émerveillement dure indéfiniment. Ce sont deux livres d'un coup que traduisent maintenant les éditions Zoé. Au bureau, illustré d'eaux-fortes de Karl Walser, frère de l'auteur, est une édition bilingue de poèmes parus en 1909 et dont certains avaient été les premières parutions de Walser, en 1898 (la citation ouvrant cette chronique vient de celui intitulé «Trop philosophique»). Petite prose a été publié en 1917 et ses textes ont souvent l'allure de contes, lesquels seraient pour adultes non par leur contenu qui fait la part belle au merveilleux mais par le ton qui conduit l'auteur à s'adresser au lecteur avec une désinvolture peu faite pour perpétuer l'illusion romanesque. «A force de raconter des contes, il ne faut surtout pas que j'oublie une paire de gants que je vis pendre, élégants et alanguis, au bord d'une table.» «Walser expérimente ici toutes les foulées littéraires dont il dispose, sur le sol dur d'un temps de guerre : le pas bref de phrases courtes, la longue cadence qui s'accélère peu à peu, le triple saut d'image en image et de paragraph