«Ne vaut-il pas mieux être ma femme qu'un écrivain de second ordre ?» déclarait André Malraux qui aurait préféré que Clara reste dans l'ombre. La biographie de Clara Malraux (1897-1982) se lit comme un roman. Dominique Bona raconte comment cette femme, juive, de nationalité allemande, issue d'une famille bourgeoise, éprise de liberté, refuse de se plier à l'homme dont elle est follement amoureuse et qu'elle considère supérieurement intelligent. Il lui faudra surmonter la séparation pour se réinventer et écrire enfin (1).
Dans les années 20, ils veulent découvrir le monde. Départ pour Angkor sans billet de retour, tels «deux adolescents rebelles», pour s'approprier des statuettes du temple de Banteay Srei. Ils sont arrêtés. Clara rentre à Paris où elle prépare la défense de Malraux. Première blessure : grisée par le succès de sa pétition, elle attend André à Marseille qui, au lieu de la féliciter, l'accable de reproches. Ils multiplient les voyages, découvrent ensemble la réalité coloniale en Indochine, plus tard la guerre d'Espagne auxquelles ils s'opposeront ardemment. Aucun des combats du XXe siècle ne leur est étranger. Ils sont au cœur de la vie intellectuelle de l'époque.
Leur amour ne survivra pas au succès que rencontre Malraux. Dans ses livres, il «la fait disparaître de leur histoire». Clara écrira plus tard : «Quand sa légende me niait, j'en crevais.» La misogynie de Malraux l'emporte sur sa modernité. Il ne supporte plus l'ironi