Menu
Libération

L’élan de Solidarité de Janusz Anderman

Article réservé aux abonnés
publié le 18 février 2010 à 0h00

A quoi sert la littérature ? Cette question annonce généralement un débat de haute volée ayant trait à l'engagement et à la responsabilité de l'écrivain, spécialement, comme ici, lorsque les événements politiques sont la trame du texte, puisqu'il s'agit dans Tout le temps de la naissance et de la prospérité de Solidarnosc, le syndicat de Lech Walesa qui fut la principale opposition au régime communiste polonais et le vivier du pouvoir qui lui succéda. De l'auteur, né en 1949 et dont Noir sur blanc a déjà publié en 1990 le recueil de nouvelles le Souffle coupé, l'éditeur dit qu'«il collabore aux éditions clandestines Puls dès 1978, puis il est arrêté après l'instauration de l'état de guerre en 1981». A. Z., l'écrivain héros du roman, ne doit pas tant ressembler à Janusz Anderman qu'à des êtres qu'il a pu croiser au cours de ses activités, résistants si modérés que le mot «imposteur» les définirait mieux puisqu'ils gardaient toujours en tête leur propre intérêt plutôt que celui du peuple, de la démocratie ou de la liberté. Quand, dans l'après-communisme, on reproche au personnage de n'avoir pas «croupi en prison», il a sa réplique toute prête : «C'était pas bien difficile d'atterrir en prison, répondit A. Z. Le plus difficile, c'était de se planquer et de ne pas se faire attraper.» Car on se pose toujours la question de la fonction de la littérature du point de vue des lecteurs alors que l'humour et la satire présents dans Tout