Au moment même où Elisabeth Badinter monte au créneau de l'émancipation des femmes, s'inquiète de voir les jeunes mères rentrer chez elles allaiter leurs petits (1), et frappe visiblement les esprits, Belinda Cannone nous met en garde à son tour avec (ou plutôt contre) la Tentation de Pénélope. A quoi ressemble l'expérience du deuxième sexe aujourd'hui, sachant qu'«il n'y a de façons d'être femme qu'historiques» ? Elle procède avec un mélange de rigueur et de fantaisie buissonnière tout à fait plaisant, une liberté qui vient sans doute de ce qu'elle est, de livre en livre, tantôt romancière, tantôt essayiste.
Pénélope défaisait chaque nuit son ouvrage. L'imitant, écrit Belinda Cannone, «nos contemporaines ont entrepris de défaire (il suffit de tirer un fil) le travail merveilleux qu'avaient accompli les générations précédentes». Panique à bord : il apparaîtrait soudain crucial que «la féminité résiste au féminisme». Comme Elisabeth Badinter, l'auteur de La bêtise s'améliore déplore l'actuelle valorisation maternelle - «notre vieux piège». Femme, oui, dit Belinda Cannone. Même si on ne sait plus très bien comment se définir comme telle. Mère, pas forcément : «Je préfère écrire.»
Cerveau. On ne trouvera pas, dans la Tentation de Pénélope, un commentaire théorique approfondi des œuvres les plus marquantes. Judith Butler (Défaire le genre) et Marcela Iacub (Qu'avez-vous fait de la