(«Libération» du 23 février 1989).
Une semaine après la décision de Christian Bourgois de «surseoir» à la publication de la traduction française du roman de Salman Rushdie, initialement prévue pour le début de l'année 1990, la confusion et l'incertitude qui règnent dans le milieu éditorial français vont peut-être se dissiper. Et une solution semble en vue, du côté du groupe de la Cité, qui permet une parution assez prochaine de la version française de The Satanic Verses.
C'est le 15 février, dès le lendemain de la fatwa lancée par l'ayatollah de Téhéran contre l'écrivain indo-anglais et ses éditeurs que les éditions Christian-Bourgois annoncent, dans un communiqué laconique, leur mesure de suspension de la publication en français de l'ouvrage incriminé, arguant de «la gravité de la situation» et de «la mise en cause de la sécurité des personnels de 1'entreprise, de ses clients et de ses lecteurs». La rapidité de la réaction plonge dans l'embarras la profession : comme le disait alors un éditeur, il était difficile d'intervenir a posteriori sans passer à l'égard de Christian Bourgois pour un donneur de leçons et, d'un autre côté, ne rien faire signifiait de fait se soumettre au diktat iranien.
Dès lors, les réactions des éditeurs français vont être dispersées. Avec le soutien de l'Evénement du jeudi, deux petits éditeurs, Quai Voltaire et Arléa, se déclarent prêts à publier le livre. Mais Christian Bourgois étant toujours posses