Le maestro Georges Devereux (1908-1985), personnage étonnant - à la fois hongrois, américain, et français -, fondateur de l’ethnopsychanalyse, a marqué une génération d’ethnologues et d’analystes. Il n’a pas eu de descendance, a eu peu d’élèves, mais il a une postérité. Dont celle qu’incarne à double titre Marie Rose Moro (même si elle est trop jeune pour l’avoir connu personnellement). Son livre, très savant, se lit pourtant comme un roman, tissé d’histoires dont l’écheveau se dévide dans les consultations que l’ethnopsychiatre a menées d’abord à l’hôpital Avicenne à Bobigny et, désormais, à la maison des adolescents à Cochin, à Paris.
Ce ne sont pas des consultations classiques. Partant de l'hypothèse ethno-psychanalytique selon laquelle c'est le passage entre les langues et les logiques qui fait problème, le setting est celui d'un groupe bilingue animé par un(e) pédopsychiatre et d'autres cothérapeutes familiers des parcours langagiers des enfants et de leurs familles, sans compter des stagiaires internationaux, apprentis thérapeutes.
Tragédie grecque. Ces consultations s'adressent aux enfants de migrants, mais Marie Rose Moro a désormais mis l'expérience du travail transculturel mené à Bobigny au profit des enfants et adolescents de l'adoption internationale, de plus en plus nombreux (80% des adoptés). Le dispositif du groupe est celui du respect des langues et des histoires (le récit des rêves en particulier a une place très importante) ; il ser