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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «le Dernier Duel», l’histoire vraie de deux hobereaux du XIVe siècle qui s’en remettent au «jugement de Dieu»
publié le 25 février 2010 à 0h00

Dans les vieux films de chevalerie, il arrivait toujours un moment où le héros, soucieux de défendre son honneur et ses droits, en appelait au «jugement de Dieu». Les longues trompettes sonnaient, puis le combat à l’épée à deux mains et à la lance s’engageait sous le regard inquiet de quelques duchesses à coiffe. Ce que nous apprend d’abord le livre d’Eric Jager, c’est qu’il ne s’agissait pas de fiction, même revue et corrigée par Hollywood. Les choses se passaient ainsi, le plus légalement du monde. Au moins jusqu’au 29 décembre 1386, date du dernier duel judiciaire de l’histoire française (1). Tout dans ce récit est vrai : il ne s’agit pas d’un roman, même si l’auteur prend quelques libertés stylistiques avec le genre, trop pesant à ces yeux, de l’essai historique.

Viol. L'argument aurait fait le bonheur d'un Walter Scott ou d'un Alexandre Dumas. Nous sommes en Basse-Normandie au XIVe siècle. Deux hobereaux, qui jadis furent amis, s'affrontent. Jean de Carrouges, aux mœurs rustiques et militaires, jalouse Jacques Le Gris, un séducteur de moindre noblesse mais favori du comte d'Alençon, le seigneur local. Tissée d'ambitions contrariées et de querelles foncières, la haine est déjà bien installée entre eux, lorsque la jeune épouse de Jean de Carrouges accuse publiquement Jacques Le Gris de l'avoir violée, alors qu'elle était seule dans le château de sa belle-mère ! Que s'est-il réellement passé au creux de cet hiver normand ? Nul ne le sait avec cer