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Critique

Henri IV, roi moderne

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Pour les 400 ans de la mort du souverain, un ouvrage érudit détaille son règne.
publié le 27 février 2010 à 0h00

Dans la longue liste des rois qui régnèrent sur la France - de Clodion le chevelu, premier des Mérovingiens, à Louis-Philippe quatorze siècles plus tard -, seule une poignée de monarques sont devenus des figures populaires. Saint-Louis, François Ier, Philippe Le Bel, Louis XIV… et bien sûr l'incontournable Henri IV, vainqueur haut la main de ce royal quinté et à l'honneur cette année à l'occasion des quatre cents ans de sa mort.

Le mythe débute dans l'après-midi du 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie, quand un inconnu se jette sur le roi et le poignarde à quatre reprises. Henri IV meurt presque sur le coup, à 56 ans, après vingt ans de règne. Le roman de sa vie était pourtant suffisamment épais pour le faire entrer dans la légende sans cette fin tragique. Car Henri IV n'aura rien fait comme les autres monarques. Enfant élevé comme un petit paysan dans son Béarn natal, il hérite par raccroc, en 1589, d'un royaume en miettes déchiré par les guerres de religion. Lui-même a échappé de justesse au massacre de la Saint-Barthélemy et a dû changer plusieurs fois de croyance pour sauver sa tête - d'où son rapport très décomplexé à la religion. Chef du clan protestant à la mort de son cousin Henri III, il doit batailler des années pour conquérir son royaume et s'installer dans la capitale, ce Paris qui «vaut bien une messe».

Mais sa vraie victoire ne sera pas militaire : premier souverain «humaniste» dans un monde de fanatiques où la tolérance est un concept inconnu,