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Libération
Critique

Mondragón tout feu tout flamme

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Une tueuse dans le vide délicieux de l’après-mari
publié le 11 mars 2010 à 0h00

C'est le matin. 5 h 30. Anastassia Lizavetta, 32 ans, est tombée du lit. Cela lui arrive souvent ces derniers temps. «Comme elle ne voulait pas se réveiller avant l'aube et l'irruption bruyante des bennes à ordures municipales, Anastassia Lizavetta, pour s'épargner la vision de ce spectacle affligeant, a pris des somnifères avant d'aller se coucher, avec l'espoir qu'ils atténueront les premières annonces de l'insomnie. Peine perdue. Le mécanisme qui lui commande de se réveiller avant que la normalité reprenne ses droits l'a emporté sur les médicaments.»

Maintenant que la voilà prise dans ce temps d'avant l'éveil, non-temps du songe et de la fiction, tous les possibles sont ouverts. Que va-t-elle faire ? Un sentiment de déjà-vu, mais à l'envers, la saisit. Elle était sûre d'avoir expédié la vaisselle hier soir, et l'évier est pourtant plein. Peut-être dort-elle encore ? Elle ira vérifier dans son lit, dès qu'elle aura fini sa première cigarette. A moins que ses incertitudes ne soient dues aux tergiversations et trous de mémoire du narrateur, qui se présente comme son cousin et qui nous a claironné, dès la seconde phrase du roman : «Voici la véritable histoire, racontée par moi-même, de la tragédie domestique où ma chère cousine Anastassia Lizavetta joue le rôle principal.»

Couteau coréen. Légende et galéjade ensemble, Passion et oubli d'Anastassia Lizavetta suit son héroïne dans une journée un peu particulière, puisqu'après avoir fini