Vider une maison familiale réserve souvent des surprises. La mère d’Anna Koellreuter - psychanalyste à Zurich et éditeur de cet ouvrage - téléphona un jour de 1988 à sa fille pour lui dire qu’elle avait découvert deux cahiers étonnants : le journal qu’avait tenu sa propre mère, Anna G., grand-mère d’Anna Koellreuter, rédigé pendant le temps de son analyse avec Freud (avril-juillet 1921), ainsi que l’original d’une lettre du professeur qui en précisait les conditions (durée, fréquence des séances, honoraires). Anna G. était une jeune psychiatre suisse, 27 ans en 1921, qui vivait depuis sept ans une relation ambivalente avec son fiancé et hésitait à l’épouser à l’automne suivant, en dépit d’une forte pression de sa famille qui voyait en lui le gendre idéal. Selon Freud, on le verra, elle était victime d’une incapacité pathologique à prendre cette décision en raison d’un conflit œdipien non résolu. C’est dans ces circonstances qu’Anna G. avait parlé de son problème au pasteur Pfister, ami de Freud qui lui donna une introduction auprès du professeur. Celui-ci, âgé alors de 65 ans, était au faîte de sa gloire, le cancer ne l’avait pas encore atteint (ce qui a fait dire à certains commentateurs que c’est pour cette raison qu’il se montrait bien plus disert en séance - sa mâchoire ne le faisant pas encore souffrir - qu’il ne le fût plus tard…).
Dilemme. Voilà donc notre Anna qui décide de «faire un break» (pour parler «moderne», mais l'histoire elle-même est très mo