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Libération
Critique

Abécédaire Bobos béats et non définitif

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publié le 13 mars 2010 à 0h00

On connaît le militant, l'homme politique, le penseur d'un socialisme aux accents souverainistes et clairement ancré à gauche. Mais ce cofondateur du Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste (le Ceres, qui fut le moteur du Congrès d'Epinay en 1971 et de l'Union de la gauche) est aussi un intellectuel à la plume acerbe, fasciné depuis toujours par les moralistes français du XVIIe siècle.

Cet abécédaire souvent incongru et toujours stimulant illustre la double veine de Didier Motchane qui, au fil des pages, pourfend le politiquement correct, «suintement continu de la belle âme postmoderne ou moderne», ironise sur les bobos «beaux bébés béats de la société bourgeoise», ou chante la grandeur de l'ascétisme «qui ne consiste pas à refuser le plaisir mais à nous rendre capable de le choisir». Il parle de la force du mot «non», citation du philosophe Alain à l'appui, pour rappeler que «le signe du oui est un homme qui s'endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit : non». Il choisit d'ailleurs ce titre, Non, pour la dernière des revues qu'il anima dans les années 70 après, notamment, Frontières et Repères.

Motchane, enfin, a l'art de la formule et sait forger l'aphorisme. Si dans ce livre aux accents de bilan d'une vie d'engagement, il parle beaucoup politique avec des mots tels que la France, les droits de l'homme, l'écologie, la gauche, l'avenir, le mitterrandisme… il évoque aussi, ave