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Libération

David Vann

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Le mystère de la page 113
par Sylvie GRANOTIER
publié le 25 mars 2010 à 0h00

Qu'est-ce qui marche dans ces temps économiquement difficiles ? La «marque», ces auteurs qu'on achète, voire qu'on lit, les yeux fermés. Le «feel good», ces romans du réconfort, qui, contre toute vraisemblance, prétendent que tout va pour le mieux dans le pire des mondes possibles. Et puis, un jour, Sukkwan Island de David Vann, premier roman d'un auteur inconnu, qui vous promet la plus dérangeante des lectures.

Loin d'être l'exception qui confirme la règle, Sukkwan Island pourrait bien être la règle dont les multiples exceptions confirment le modèle : le succès durable.

Le conte de fées commence très mal, avec abondance de sorcières autour du berceau. Il faut dix ans à David Vann pour écrire son roman et encore dix ans pour le publier dans une petite édition universitaire où il atteindra le chiffre désespérant de 800 exemplaires vendus en dépit d'une page élogieuse parue dans le New York Times, son unique critique, première bonne fée.

La deuxième s'appelle Oliver Gallmeister. Quelques happy few, libraires et lecteurs, ont repéré cet amoureux des textes qui publie, depuis quatre ans, des livres de belle facture, à la traduction soignée et au contenu cohérent. Trente-quatre à ce jour. Gestionnaire de formation, après un détour contraint par le costume gris et l'entreprise versant financier, il saute le pas en 2003 et devient éditeur. Depuis l'enfance, la nature est le domaine familier de ce pêcheur à la mouche doublé d'un lecteur passionné, do