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Libération

Babar et reviens tard

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publié le 1er avril 2010 à 0h00

L'événement majeur du trentième Salon du livre, clos hier, s'est produit dès la soirée d'ouverture. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, de la Communication et de la Grande Déconnade, a déclaré devant quelques journalistes dont un de l'Agence France Presse : «Au gouvernement, je me situe entre Bécassine et Babar, avec un peu de Marsupilami» (25 mars, 18 heures). Cette phrase est suffisamment construite pour qu'on y décèle plus qu'une improvisation : un message ? L'Appel de la Porte de Versailles ? Notez d'abord que l'autoportrait est littéraire, ce qui convenait admirablement au lieu. Au Salon de l'agriculture, Mitterrand Frédéric eût peut-être déclaré : «Je me situe entre le veau et le porcelet, avec un peu de clairette de Die.» A celui du bricolage, il eût probablement affirmé : «Je me situe entre le mètre à ruban et la déligneuse à lames multiples, avec un peu de scie égoïne.»

Les grands hommes savent dresser de grands monuments avec de pauvres mots. Victor Hugo : «Une école qui ouvre, c'est une prison qui ferme.» Frédéric Mitterrand : «Je me situe entre Bécassine et Babar, avec un peu de Marsupilami.» Tentons d'analyser le message. Bécassine ? C'est une idiote à laquelle son dessinateur (Joseph Pinchon) a jugé prudent de ne pas donner de bouche. Pour lui éviter de dire des bêtises. Tout le monde a remarqué que le ministre de la Culture est devenu remarquablement discret depuis l'épisode Polanski. Mais si Frédéric Mitter