A la fin, c’est un roman qu’on a du mal à finir. Non parce qu’il empire mais parce qu’on se timore, qu’on n’a plus le courage de quitter les rouages montés par Adam sur son île. Et puis c’est une histoire de centenaires. «Comment finir» est donc une question pendante. Ce n’est pas qu’ils soient fragiles ces vieux, au contraire, l’écrivain les a conçus increvables. Il serait dommage de les terminer en arrivant à la dernière page.
Plastique mou.«Ce matin, j'ai jeté mes vêtements, dit un centenaire à la masseuse qui s'étonne de le trouver nu dans sa chambre. C'est malin, dit-elle. Oh oui, dit le centenaire. Et demain, peut-être qu'il vaudrait mieux qu'on se donne rendez-vous dans la rue. Parce que je vais jeter ma chambre.» Ce n'est pas le réalisme qui caractérise les Centenaires. Il faut certes en finir, mais ça va durer longtemps, l'agonie n'est pas une comédie de tout repos : «Les premiers tombés aux mains des centenaires ne sont pas morts, mais ils y ont pensé.» Est-ce une histoire de zombies ou la grande affaire de la vie en mode téléologie ? Philippe Adam joue avec ses personnages comme avec des figurines de plastique mou, les tord dans tous les sens par le seul miracle des mots, sans qu'il y ait jamais rien pourtant d'impossible dans les poses. «Si vieillesse pouvait», dit le proverbe. Eh bien maintenant, elle peut.
Et elle atteint le bonheur d'une incongruité maximale. Les centenaires font du sport, des liftings, du bab