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Libération
Critique

Derviches de haute voltige

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Guerriers de la steppe anatolienne ou fous de Dieu des XIIe et XIIIe siècles, un carnet de voyage en sept portraits.
publié le 3 avril 2010 à 0h00

Bardes errants célébrant l'amour de l'Unique, ils parcouraient sans fin la steppe anatolienne. Venus du Khorassan dans l'est de la Perse ; des plateaux de l'actuel Afghanistan et d'autres de Boukhara. Ils suivaient les tribus turques dans leur longue marche vers l'Ouest. «On comptait parmi eux des derviches guerriers prenant part aux conquêtes qui bousculaient les frontières mais aussi des derviches qui ceignaient des épées de bois ou se transformaient en colombes», écrit Nedim Gürsel dans son livre carnet de voyage consacré à ces fous de Dieu des XIIe et XIIIe siècles qui chantaient aussi l'amour de l'homme. Leurs tombes ou les couvents où ils vivaient sont autant de lieux de pèlerinage pour un islam populaire turc, ouvert et tissé de merveilleux.

De tels récits sont une veine où excelle Nedim Gürsel, romancier turc installé à Paris depuis plus de trente ans. Son dernier roman les Filles d'Allah lui a valu des déboires avec la justice de son pays qui l'accusait d'offenser la sensibilité religieuse des musulmans, situation pour le moins paradoxale dans un Etat laïc. Les poursuites furent finalement abandonnées et le livre a été un succès en Turquie avec plus de 30 000 exemplaires vendus.

Cette fois Nedim Gürsel redevient écrivain voyageur comme dans Retour dans les Balkans ou De ville en ville. Aux portes de la Cappadoce, sur les rives du fleuve Rouge (Kizilirmark) se dresse la petite ville d'Hacibektas - qui porte le n