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Libération
Critique

1914-1918, tranchées dans le vif

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A travers les mutineries, André Loez remet en cause le patriotisme de la Grande Guerre
publié le 15 avril 2010 à 0h00

Les mutineries de 1917 constituent l'une des principales clés d'interprétation de la Première Guerre mondiale. Insister sur leur nombre et leur intensité équivaut en effet à privilégier une guerre imposée et subie par des soldats rétifs à l'embrigadement patriotique. En minorer l'importance renvoie à l'inverse à l'image d'un conflit majoritairement accepté par des combattants animés d'un profond sentiment national. C'est cette dernière idée qui prévaut depuis plus de quarante ans. Le premier grand livre consacré à la question, celui de Guy Pedroncini en 1967, les Mutineries de 1917 (PUF), avait analysé les mutineries de mai-juin 1917 comme un moment d'égarement, la réaction de combattants épuisés et démoralisés au lendemain d'un massacre inutile (l'offensive du Chemin des Dames) et leur aspiration à une guerre plus économe en vies humaines. D'où les décisions de Pétain : une répression ferme mais limitée (30 des 500 condamnés à mort sont exécutés), des permissions en grand nombre, une plus grande prudence stratégique («J'attends les chars et les Américains»). Les travaux récents en histoire culturelle ont confirmé cette analyse, soulignant la gravité, mais aussi la faible amplitude d'événements ne remettant pas en cause l'engagement patriotique des combattants.

Convictions. Dans un livre vif, polémique parfois, fruit d'une thèse de doctorat directement publiée dans une collection de poche, ce qui n'est pas fréquent, André Loez va à l'encont