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Critique

Denis Podalydès toréer adore

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Le cahier Livres de Libédossier
Journal, monologues, autoportrait, l’acteur et metteur en scène déplie sa passion pour la corrida
publié le 15 avril 2010 à 0h00

«Estamos de vacaciones, y no conocemos a nadie aqui !»  «Nous sommes en vacances, et nous ne connaissons personne ici !» A Bilbao en 2003 dans sa chambre d'hôtel, Denis Podalydès ânonne à haute voix, comme en colère, la dixième leçon de l'Espagnol sans peine qu'il potasse, quitte à alerter les voisins derrière la cloison. Un, il est tout seul. Deux, il n'est pas vraiment en vacances.

Qu'est-ce qu'il fout tout seul ici ? Il se le demande un peu avec une pointe de mauvaise conscience. Il pourrait être avec sa compagne, Rose, avec son frère Bruno, avec ses amis ; il pourrait tourner un film, répéter une scène, être vraiment en vacances. Non. Il est venu voir des corridas dans les arènes de Bilbao, «une triste usine circulaire» au milieu de nulle part. L'aficionado sait que voir des corridas, mêmes creuses, à Bilbao, à Mauguio, à Garlin, dans une métropole ou un bled, ne peut pas être considéré comme de la vacance. Sinon il n'est pas aficionado.

Révélation. Denis Podalydès, rien ne l'y préparait, est tombé dans la marmite tauromachique un 15 août à Séville lors d'une course par ailleurs médiocre, sans prestige et sans saveur, avec des toreros sortis, pour l'occasion, de l'anonymat : Pauloba, Cristo González, Raúl Galindo. Le genre d'expérience après quoi on peut éprouver deux choses contraires. On peut dire que la corrida, on n'y reviendra pas, jamais. On peut n'en pas revenir. Son cas. Il écrit : «stupeur, ravissement» et «