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Libération
Critique

Frémissements d’une saison

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Huit nouvelles pakistanaises de Daniyal Mueenuddin, avocat devenu fermier
publié le 15 avril 2010 à 0h00

Les histoires pakistanaises racontées par Daniyal Mueenuddin nous plongent en plein XIXe siècle. C'est donc un choc quand, au détour d'une phrase, on tombe sur un téléphone portable ou une auto équipée de vitres électriques. Le temps de retomber sur ses pieds, on réalise que la sensation d'anachronisme tient à la survivance, dans notre monde globalisé et ultratechnicisé, d'une société féodale où les paysans sont à peine plus que des serfs, où leur bien-être, et même leur vie, leur droit d'être en vie, dépend de la bonne volonté des propriétaires terriens.

Identités. Les histoires de la Saison des mangues introuvables se passent entre 1970 et 2000 et l'impression qu'elles donnent d'être beaucoup plus anciennes rappelle certains romans irlandais : on est dans une société paysanne, traditionnelle, religieuse, rigide. Ce n'est pas que Mueenuddin ait entrepris de décrire cette si exotique société pakistanaise à un lectorat occidental, c'est même le contraire. Les huit nouvelles racontent des histoires intimes d'espoir, d'humiliation, d'identités troublées ou de renoncements, à travers le destin de servantes qui pas une seule fois n'ont eu le choix, de paysans misérables ou roublards, de «doux propriétaires fonciers à la courtoisie pendjabie», de contremaîtres corrompus, d'arrogantes bourgeoises d'Islamabad qui passent leurs vacances à Paris et font la morale à leur vieux père. «Vraiment, daddy, je peux comprendre qu'elle te tienne