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Libération
Critique

Leo Castelli, passeur d’art

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Une biographie rend hommage au galeriste new-yorkais, découvreur de Jasper Johns et d’Andy Warhol.
publié le 17 avril 2010 à 0h00

Le galeriste Leo Castelli est à la Maison Blanche, aux côtés de Kennedy, le 14 juin 1963. Le Président sourit, domine de toute sa taille le petit homme qui vient de lui offrir une sculpture d'un drapeau américain de Jasper Johns, l'artiste américain phare de sa galerie éponyme. Castelli est au sommet de sa réussite. «Il était le plus grand marchand du monde, et il le savait», comme le dit Joe Helman, un de ses collaborateurs.

L'histoire de Castelli est aussi l'histoire de l'art de l'après-guerre. Et la superbe biographie d'Annie Cohen-Solal, Leo Castelli et les siens racontant les contextes de cette vie marquée par l'histoire du siècle. Castelli est mort en 1999 mais son ombre reste portée sur la peinture et le marché de l'art contemporain qu'il aura, d'une certaine manière, inventé. L'écrivaine, qui a connu Castelli lorsqu'elle était conseillère culturelle à New York, réussit à remonter tous les fils de cet homme né en 1907 dans une famille juive triestine, et qui gardait jalousement ses espaces secrets. «Leo Castelli ne m'a jamais raconté l'ensemble de son histoire, confie l'auteure, mais m'a donné suffisamment de clés pour commencer ma quête». Une quête et une enquête sur ce personnage d'exception qui a quitté une Europe menacée par le nazisme pour devenir le passeur obligé de l'art américain.

Alors que la peinture européenne domine encore le monde de l’après-guerre, c’est lui qui va savoir reconnaître, faire connaître - et vendre, bien sûr - les