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Libération

Nabokov, père et fiches

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publié le 22 avril 2010 à 0h00

L'histoire de l'Original de Laura (C'est plutôt drôle de mourir), roman inachevé et posthume de Vladimir Nabokov, mort en 1977, est d'abord celle de son manuscrit, ainsi que le raconte Dmitri, le fils de l'écrivain, dans son introduction. Nabokov avait dit à sa femme, Véra, de brûler le texte s'il n'en venait pas à bout, et c'est parce qu'il a eu l'espoir de l'achever qu'il ne l'a pas fait lui-même. Mais Véra, qui avait déjà sauvé Lolita des flammes, ne détruisit ni ne fit paraître l'ensemble de ces fiches. Les divers passages du livre sont de fait écrits sur des fiches indépendantes que l'édition originale américaine a présentées de telle sorte que le lecteur peut décider de leur ordre, un peu comme pour Cent Mille Milliards de poèmes de Raymond Queneau, avec un nombre de possibilités plus limité. L'édition française, tout en donnant le fac-similé des fiches originales, les édite comme un livre normal, suivant la numérotation de l'auteur qui peut aussi bien correspondre à la chronologie de l'écriture. Certaines fiches ont un rôle narratif peu évident : «Sophrosyne, terme de Platon signifiant la maîtrise idéale de soi émanant du noyau rationnel de l'homme» est l'intégralité d'une.

Après la mort de sa mère, Dmitri Nabokov finit donc par publier l'Original de Laura, non sans avoir reçu de nombreux conseils l'incitant aussi bien à le faire qu'à ne pas le faire. Il revient ironiquement sur sa décision en chute de son introduct