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Libération
Critique

Sacrée soirée

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L’Américaine Paula Fox met en cage une famille de drôles d’oiseaux dans «les Enfants de la veuve»
publié le 22 avril 2010 à 0h00

Avec les Enfants de la veuve se termine l'édition par Joëlle Losfeld de tous les romans pour adultes de Paula Fox. Paru en 1976, entre Côte ouest et la Légende d'une servante, The Widow's Children a été traduit une première fois en France en 1979 ; il a connu le sort étrange des autres ouvrages de la romancière américaine née en 1923 : une alternance d'oubli et de redécouverte, couronnée d'un parrainage enthousiaste par un écrivain de la jeune génération. C'est Andrea Barrett qui signe cette fois la préface, après Jonathan Franzen et Frederick Busch. Son analyse a les qualités qu'elle admire chez son aînée : subtilité et précision. A propos du premier chapitre, par exemple, elle fait remarquer que «l'expérience du temps de la lecture est similaire à celle du récit. Une heure où nous partageons avec les personnages la sensation d'être pris au piège, nerveux, mal à l'aise, où nous ressentons véritablement la lenteur des minutes qui s'égrainent tandis qu'ils ne cessent de se disputer».

Imperméable. Rendez-vous après-guerre dans une chambre d'hôtel new-yorkaise, un début de mois d'avril où il pleut. Après, on ira dîner. La puissance invitante est Laura, 55 ans, et son mari fortuné, un peu plus jeune, Desmond, à la veille d'un voyage en Afrique. La soirée est une corvée («Si seulement nous pouvions partir sans rien dire à personne»), et il est en outre évident pour Laura que les invités ne viennent que par devoir e