Des confrères (de l'Expansion et du Parisien notamment) se sont récemment gaussés des ventes calamiteuses de livres pourtant écrits par des personnes à forte «visibilité médiatique». Ils ont ri parce qu'André Manoukian, autorité pileuse au jury de la Nouvelle Star, n'a pour l'instant réussi à écouler en librairie que 298 exemplaires de son Deleuze, Sheila et moi, et que Valérie Pécresse, ministre de la Recherche des voix en Ile-de-France, fait pis encore avec seulement 269 ventes de son Et si on parlait de vous ? (chiffres Edistat au 11 avril). Plutôt que de railler ces échecs, mieux vaudrait chercher à les expliquer. Est-ce à cause de Deleuze ou de Sheila que la carrière des lettres refuse à se laisser embrasser par «Dédé» Manoukian ? «Val» Pécresse a-t-elle bien fait de promettre en quatrième de couverture de «[n]ous parler de [n]ous, de [n]os problèmes, des mille et un petits défis que [n]ous dev[ons] résoudre au quotidien. Et […] [n]ous apporter des solutions» alors que nulle part dans ce livre n'est abordé le problème de la chute des cheveux après 45 ans, ni celui du priapisme après 50 ?
Pour tenter de comprendre ces contre-performances de stars, le plus simple est, a contrario, d'analyser le pourquoi et le comment de grands succès anonymes. Prenons par exemple le cas de l'Art de péter, petit livre de rien publié en 2006 et qui vient de franchir le seuil des 115 000 exemplaires. Ce texte du XVIII