Le week-end dernier se tenait à Berlin Rendez-vous littéraire !, une manifestation organisée par l’Akademie der Künste, le Bureau du livre de l’ambassade de France en Allemagne et la Villa Gillet de Lyon. Huit auteurs français y étaient présentés au public, en binôme avec un écrivain d’outre-Rhin et à l’ombre d’une question légèrement angoissante : pourquoi Français et Allemands ne manifestent-ils chacun pour la littérature de l’autre qu’une «bienveillante indifférence» ? Des romanciers invités, François Beaune était à la fois le cadet (31 ans) et le seul à n’avoir qu’un roman à son compteur (Un homme louche, chez Verticales). Nous l’avons interrogé après une causerie sur les «faux amis» que seraient Français et Allemands : a-t-il le sentiment d’être un auteur français ? Quel est son rapport à la littérature allemande ?
«Pour un écrivain, entendre des gens dire "Je vois la France comme ceci ou cela", comme dans le débat d'hier soir, est assez dérangeant. Tout va bien entre Allemands et Français, merci. J'ai pu le constater ici même à Berlin, dans les bars, même si l'on se parle en anglais. Etre ou non français ne m'intéresse pas. A la limite, je pourrais défendre la langue… La culture franco-allemande n'est pas sexy, entendait-on hier, et on se demandait comment y remédier. Mais c'est l'histoire banale de l'impérialisme. On est dans un monde qui est anglais, de la même façon qu'au XVIIIe siècle, tout le monde parlait français. Ce qui reste importan