Existe-t-il encore des tabous en littérature ? Reste-t-il des zones de stupre ou de luxure vierges de toute intrusion fictionnelle ? Sommes-nous sûrs d'avoir enfoncé la porte de toutes les chambres à coucher, de tous les fantasmes ? Non, est la réponse catégorique du journaliste Chris Cox, qui tient un blog littéraire sur le site du quotidien britannique The Guardian. Cox vient d'avoir entre les mains (ou peut-être une seule) la revue littéraire Granta, une des plus respectables du Royaume-Uni, dont le dernier numéro est entièrement consacré au sexe. Le printemps est revenu ! C'est une livraison très érudite, avec des textes de Roberto Bolaño, Tom McCarthy, Herta Müller, Marie Darrieussecq ou encore Emmanuel Carrère. Or, constate Chris Cox, rien de tout cela n'est vraiment, comment dire, très bandant. A l'exception notable de la contribution de Carrère, qui se trouve être la reproduction du fameux texte écrit pour le Monde en 2002 - puis repris dans Un roman russe - dans lequel frère Emmanuel exhortait les passagères de toute une rame de TGV à aller se palucher dans les toilettes (on résume beaucoup). C'est sûr que ce genre d'activité rend les voyages moins assommants, et la littérature plus fluide.
Cox en conclut que si la fiction a encore un horizon à explorer en matière de sexe, c'est la masturbation, qualifiée de «dernier tabou de la littérature». Au point que le blogueur s'est cru obligé d'ajouter que «la masturbation est