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Libération
Critique

Jean-Christophe Rufin

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La pizza des kamikazes
publié le 29 avril 2010 à 0h00

Un des personnages de Katiba se retrouve coincé pendant deux jours dans une chambre d'hôtel, à tuer le temps comme il peut. Pour montrer à quel point il est désespéré et incapable de s'occuper à quoi que ce soit d'intelligent, l'auteur l'oblige à voir trois films de suite et lui met entre les mains un numéro de Libération qu'il lit de la première à la dernière ligne, «y compris le supplément Livres». Le lecteur attentif en déduit deux choses : 1/ La scène se passe un jeudi. 2/ Jean-Christophe Rufin pense qu'il faut être dans cette situation extrême pour en être réduit à lire Libération, y compris le cahier Livres. D'autres auraient dégoté un vieux numéro du Journal Officiel ou la page bourse du FT, mais bon, ce n'est pas pour ça que Libération lui en tiendra rigueur. Le livre de Jean-Christophe Rufin commence à très bien marcher (2e au classement littérature de Datalib) et c'est mérité, Katiba est un excellent thriller.

Rufin a 58 ans et il a eu 50 vies. Médecin, psychiatre, il a exercé à l'hôpital, il a travaillé pour Médecins sans frontières et un certain nombre d'ONG, il a été président d'Action contre la faim. Il a eu des postes dans des cabinets ministériels et dans la diplomatie française. Il est écrivain : premier essai en 1986, le Piège humanitaire ; premier roman en 1997, l'Abyssin, un énorme succès. Il a le Goncourt en 2001 pour Rouge Brésil et est élu à l'A