Edmund White, né en 1940 dans l’Ohio, parisien depuis 1983, biographe de Jean Genet, se souvient de sa jeunesse new-yorkaise. A la fin des années 60, écrit-il dans City Boy, «j’étais une contradiction vivante. J’étais encore un gay inassumé qui consultait un psychothérapeute hétéro dans l’intention de guérir et de se marier». Les années 70, objet de ce volume de souvenirs, le voient s’affirmer et se revendiquer comme «auteur gay». New York est alors une ville frénétique, sale, dure, «au bord de la faillite», que tout le monde déteste sauf la population homosexuelle et bohème dont White est un bon représentant.
Sans drame. Peter Adam, né en 1929 à Berlin, publicitaire, journaliste politique puis culturel, documentariste à la BBC jusqu’en 1989 (il a pris la nationalité anglaise en 1965), et lui aussi français d’adoption, se découvre homosexuel vers 1947, cela sans drame : «Je l’ai toujours assumé. J’ai compris que l’homosexualité était ma voie.» Son récit, Mémoires à contre-vent, dédié à son compagnon depuis quarante ans, le comédien Facundo Bo (et à Marcial di Fonzo Bo, son neveu) est une traversée passionnée, qui achoppe à la fin sur un constat : «Le superficiel règne en maître.» Le cynisme prémonitoire de l’ère thatchérienne, «l’appétit féroce» des jeunes nouveaux riches, assorti à une monté des fanatismes incarnée par la fatwa contre Rushdie, tout cela a conduit ce citoyen du monde occidental à quitter Londres.