Le récent pamphlet de Michel Onfray, le Crépuscule d'une idole, suscite l'émoi des psychanalystes. Il y a pourtant une discipline à laquelle ce livre cause un tort bien plus grave qu'à la psychanalyse : c'est la philosophie. Car Michel Onfray se dit philosophe, et c'est à ce titre que ses diatribes antifreudiennes sont reçues. Ce nom de philosophe, le mérite-t-il ? Lui-même s'en prend aux antiphilosophes du XVIIIe siècle qui s'opposaient aux penseurs des Lumières «en recourant à l'attaque ad hominem, en ridiculisant l'adversaire, en déformant ses thèses, en disqualifiant le débat pour lui substituer la calomnie, la médisance, l'insinuation» (p. 475). En lisant son livre, on s'aperçoit que cette description lui convient parfaitement.
Le fondateur de la psychanalyse y est en effet stigmatisé sans relâche comme un «Rastignac viennois», un Diafoirus pervers, «phallocrate misogyne et homophobe», cupide, onaniste, incestueux, nihiliste, crypto-fasciste et même… antisémite. Sans doute espère-t-il, avec ce tombereau d'injures, conforter sa position de penseur «iconoclaste». Mais d'où lui vient cette rage de dénoncer l'«homosexualité refoulée» de Freud, ses addictions au tabac ou à la cocaïne, son penchant pour l'adultère et la masturbation ? Quelle surprise, tout de même, de découvrir une si forte dose de moraline réactionnaire chez un auteur qui se prétend nietzschéen et libertaire…
Lorsqu'il accuse Freud «