Essuyant une pluie de critiques, Michel Onfray concentre ses attaques sur sa principale contradictrice, Elisabeth Roudinesco. Pour lui cette dernière serait la papesse de la psychanalyse. A son tour, Michel Crépu déplore que la psychanalyse soit défendue par cette «surveillante générale [qui] vous alpague du fond du couloir» (Libération du 26 avril).
Au-delà des personnes, ces propos soulèvent une question essentielle : la place des universitaires dans la construction publique du savoir. Comment ne pas voir qu’à travers Roudinesco, docteure et directrice de recherches, c’est l’université que l’on vise ? Prenant la mine blasée du génie incompris, Michel Onfray continue de jouer la carte du succès populaire contre les élites parisiennes et les institutions scientifiques. Dans ses interviews, il n’omet jamais de rappeler ses origines modestes et provinciales, comme si ces détails pouvaient différencier sa pensée de celle des «autres», amalgamés dans un même paquet. Depuis la controverse entre Proust et Sainte-Beuve, on pensait le problème réglé : le philosophe Marcel Gauchet défend-il ses livres au nom de ses origines tout aussi populaires et tout aussi normandes ? Onfray construit son succès sur ce que les sociologues appellent le déclin des «institutions» : l’Eglise, l’Etat et leurs agents, au premier rang desquels les prêtres et les universitaires, échouent désormais à donner un sens à la vie. Onfray, qui s’attaque tour à tour aux uns et aux autres, n’est que le symp