Menu
Libération
Critique

L’homme qui aimait la guerre

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Churchill revient en mémoires
publié le 6 mai 2010 à 0h00

«Winston is back.» Le 3 septembre 1939, l'Amirauté britannique télégraphie ce court message à tous les bateaux de la Royal Navy. A 11 heures, ce jour-là, le Royaume-Uni a déclaré la guerre à l'Allemagne, dont les troupes envahissent la Pologne depuis l'avant-veille. A bord des croiseurs, comme au Parlement ou dans l'opinion insulaire, la nouvelle tombe : «Churchill est de retour.» L'homme, qui va alors vers ses 65 ans, sort d'une longue traversée du désert. Depuis dix ans, il a été tenu éloigné du pouvoir et n'a cessé de dénoncer la montée des périls, plaidant sans relâche pour une politique de force à l'égard de «monsieur Hitler». Il ne revient pourtant pas encore par la grande porte : en ce début de guerre, il est nommé Premier lord de l'Amirauté, c'est-à-dire ministre de la Marine, et siège au Cabinet de guerre. Il faudra attendre le 10 mai 1940, jour de l'attaque allemande sur le front ouest, pour qu'il accède enfin au poste de Premier ministre. «C'est ainsi que, dans la soirée du 10 mai, au moment même où débutait une bataille formidable, j'ai assumé le pouvoir suprême de l'Etat, que je devais exercer sans cesse plus activement pendant cinq ans et trois mois de guerre mondiale : après quoi tous nos ennemis s'étant rendus sans conditions ou étant sur le point de le faire, j'ai été immédiatement congédié par les électeurs britanniques et écarté de la conduite de leurs affaires.» Voilà, en six lignes tirées de ses mémoires, ce qu'il advint. Mais