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Libération
Critique

Pianiste et virtuose de la vie

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Une biographie retrace la carrière, loin du système et du show-biz, de l’indomptable Martha Argerich.
publié le 8 mai 2010 à 0h00

Quel est le secret de sa virtuosité digitale inhumaine ? De son jeu cinglant et fantasque qui électrise les mélomanes depuis cinquante ans ? Pourquoi, quand on a ses moyens techniques, qu’on a été adoubée par Horowitz lui-même, qu’on est considérée non pas comme «la» mais «le» pianiste vivant le plus important, être terrassée par le trac, ne plus jamais donner de récitals, si peu de concertos - annulés généralement à la dernière minute - et s’effacer au milieu de partenaires de musique de chambre, comme encore à Pleyel, début mars ?

A ces questions, les fans de la tigresse argentine, savent répondre, même si les interviews données durant sa carrière se comptent sur les doigts d'une main et lui ont été extorquées à 4 heures du matin et après plusieurs jours de siège, par de patients et dévoués admirateurs. Journaliste au Parisien et à Classica, animateur sur Radio Classique, Olivier Bellamy qui fait partie de ces rares élus, vient de publier Martha Argerich, l'enfant et les sortilèges. Les clients de biographies croustillantes peuvent passer leur chemin. Tout d'abord, parce que la vie de Martha Argerich, pour être fascinante et tumultueuse, est celle d'une musicienne, et qu'on n'atteint pas son niveau artistique en paradant dans les soirées people ou en faisant de la retape sur les plateaux télé. Ensuite, parce qu'Olivier Bellamy respecte la pudeur de la pianiste et privilégie le récit objectif des faits.

Le livre n’est est pas moins captivant car par