Le quarante-troisième rapport sur le livre numérique vient d’être rendu : il dessine avec encore plus de précision que le précédent un horizon riche de promesses et lourd de menaces. Comme la remise du quarante-quatrième rapport est prévue dans deux heures, et celle du quarante-cinquième dans trois jours, les services généraux du ministère de la Culture déploient à la hâte de nouveaux rayonnages dans un entresol sombre et sec de la rue de Valois. C’est que ces choses-là sont volumineuses.
Il a été question, un temps, d'éplucher les rapports de leurs annexes avant stockage. Certains sont allés jusqu'à suggérer de détruire purement et simplement ces documents un mois après réception, vu la péremption rapide de leur contenu. Piste intermédiaire : ne conserver que des copies numériques, mais le cabinet du ministre s'y est formellement opposé, soulignant les risques de 1) piratage 2) incompatibilité de formats à terme 3) pénibilité de la lecture à l'écran. C'est une solution originale qui a été finalement retenue. Pile au milieu de la couverture de chaque rapport est tracé au crayon un carré de 10 cm de côté. Ensuite, avec un cutter, ce carré de papier est creusé sur une profondeur de 3 à 5 cm. Le trou ainsi aménagé est empli de terreau, et des graines ou bulbes sont semés. Une fois que le chanvre est arrivé à maturité, récoltez les fleurs et extrayez le terreau. Nettoyez à fond et ouvrez le rapport à n'importe quel endroit : surprise ! Même avec 100 cm2 de moins au cen