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Libération
Critique

De la philo sur le phono

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans le rock’n’roll, c’est l’enregistrement qui fait l’œuvre
publié le 20 mai 2010 à 0h00

Peut-être faut-il éviter de lire Philosophie du rock avec Grateful Dead à fond dans les oreilles. Professeur à l'université de Nancy-II, directeur au CNRS du Laboratoire d'histoire des sciences et de philosophie, Roger Pouivet n'a jamais cessé d'écouter Truckin' ou Wake Up Little Susie. Mais, dans son livre, il a mis davantage de métaphysique que de rock'n'roll. Aussi, plus qu'aux riffs de guitare, doit-on être attentif à la batterie de concepts, tenue par Aristote plutôt que par John Bonham (Led Zeppelin), afin de comprendre la «nature réelle» d'une «œuvre musicale rock».

«Désir». Le rock «a commencé le 26 mai 1951», jour où sort l'enregistrement, par le guitariste Les Paul et la chanteuse Mary Ford, de How High the Moon. Dans la perspective de Roger Pouivet, c'est le terme d'enregistrement qui importe. Pourquoi ? Parce que ce qu'est le rock ne se voit pas dans le concert, ni dans la chanson, ni dans une rock attitude. Il ne serait pas plus un «style musical» qu'«une façon de vivre, une forme de protestation sociale, une philosophie de la vie, un effet sur le bas-ventre». Aucune forme stylistique ne saurait donner une «ressemblance de famille» aux musiques d'Eddie Cochran et d'AC/DC, des Rolling Stones et de Procol Harum, ZZ Top ou Nirvana. Les approches musicologiques, historiques, politiques, sociologiques - évoquant les