Si l'abolition des privilèges et celle du droit d'aînesse sont des réformes de la Révolution française connues de tous et qualifiées communément de fondamentales, qui se souvient de celle qui met fin, non sans heurts et tergiversations, au statut de fils de famille des pays de droit écrit, «enfant d'honnête famille, précise le Dictionnaire de l'Académie française de 1765, qui est encore sous la puissance paternelle», même devenu homme. Désireuse d'étudier la modification des rapports de sexes au sein de la famille, au cours de la Révolution, en raison de son recentrage sur le foyer conjugal et de la survalorisation du «chef de famille», Anne Verjus se penche sur la condition des fils de famille, sur le sens de leur exclusion originelle de la citoyenneté active. Son analyse minutieuse des débats qui conduisent à leur victoire le 28 août 1792 par un décret qui abolit la puissance paternelle sur les majeurs, la porte à conclure que c'est là «un des textes de loi les plus emblématiques de l'esprit révolutionnaire».
Eviction. Jusqu'alors, les historiens ont été peu attentifs à la teneur de ces discussions, or leur étude contraint, estime Verjus, à revoir le sens donné à l'exclusion des femmes de la citoyenneté active : elle permet de comprendre le lien qui unit dans cette négation des droits civiques un statut civil, un sexe, et une condition sociale, celle des domestiques traités pareillement, jusqu'à cette ré