En 1974, Martine Storti, professeur de philosophie en congé de L'Education nationale, a juste quelques «connaissances» à Libération, mais Serge July l'appelle et lui dit :«On t'attend.» Alors elle y va. A l'époque, le quotidien n'a rien à voir avec «le journal reconnu, voire politiquement correct d'aujourd'hui», c'est «un journal de fauchés», et surtout «un journal de mecs».
D'abord rebutée par les maos de la direction qui réduisent la différence entre le régime pompidolien et le fascisme à «une feuille de papier à cigarette», elle, la fille d'ouvrier, finit par oublier leur «exagération révolutionnaire». En 1974, Libération occupe un immeuble exigu du XIXe arrondissement, rue de Lorraine, puis déménage juste en face : cette fois-ci, tout le monde a un bureau. Mais le désordre ambiant,«réunions multiples, interminables, bordéliques […], dureté des rapports entre les gens […], atmosphère plutôt lourde», l'amènent «chaque jour à penser [s]'en aller».
Contraception. Ce recueil d'articles extraits du quotidien de 1974 à 1979 résonne particulièrement avec les débats d'aujourd'hui : violences faites aux femmes, inégalités salariales, etc. En 2010, à l'heure de la reconnaissance du harcèlement psychologique au sein du couple, fait écho cet article sur une victime de violence conjugale : «Devant les assises de Strasbourg, la justice se rebiffe : Alain F. battait sa femme, elle