Menu
Libération
Critique

Marc-Edouard Nabe et son complexe

Article réservé aux abonnés
publié le 20 mai 2010 à 0h00

Un bouche-à-oreille discret, à l'instar de ces «affiches tracts» par quoi ponctuellement notre auteur, sur les murs de la ville, se rappelle à notre bon souvenir, nous l'avait fait savoir : Marc-Edouard Nabe récidivait. L'autoproclamé écrivain maudit et maudit polygraphe moins haï qu'il le voudrait, publiait cet hiver son vingt-huitième opus, «roman» normalement intitulé l'Homme qui arrêta d'écrire. Aussi bien, ses lecteurs fidèles y retrouveront-ils la musique à la fois dérisoire (Nabe n'est pas un styliste) et tonitruante (Nabe est plus courageux que suicidaire) de son Journal qu'il affirme avoir brûlé après quatre tomes édités ; parce que les éditeurs sont pleutres, parce que les critiques sont veules, parce que les gens, «Quels sales types, les gens !» comme disait notre cher Alphonse Allais, parce que, parce que…

Frusques. Ayant pris la mesure de la détestation qu'il inspira après qu'une méchante querelle, vieille déjà d'un quart de siècle, l'eut habillé pour l'éternité en cryptofasciste admirateur éperdu de Céline, de Bloy et de Rebatet, Nabe en a tiré les conséquences. Ecrasant le milieu d'un mépris un peu opportuniste, il continue de s'autoéditer («s'anti-éditer», dit-il) et, victime autopiloriée, s'autodistribue désormais chez des petits commerçants amis, amis d'amis ou amis d'amis d'amis, recensés sur les sites qu'il parraine. Ô site web, arme absolue des paranoïaques rigoureux, des francs-tireurs velléitaires et